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Freestar On The Road

Freestar On The Road

ou les péripéties d'une voiture (freestar) et de ses conducteurs, au gré des routes nord-américaines...


CALIFORNIE 2: Spanglish, plages et LA (Jour 39 à 42 ; Kilomètre : 9424 )

Publié par Ben M. sur 3 Octobre 2015, 06:30am

L’été sonne ses dernières semaines et les kilomètres n’ont pas arrêté de défiler. Plus d’un mois sur les routes et des aventures quotidiennes qu’on ne prévoyait pas. L’inattendu donne encore plus envie de croquer dans l’inconnu.

À vouloir toujours partir en vadrouille, mes éternels voyageurs seront-ils un jour rassasiés, repus de tant de routes ? C’est sûr qu’il arrive des carrefours où l’on croise le chemin de l’autre, alors on s’accompagne, on se serre les coudes, on va ensemble et ça remplit l’âme. Ça fatigue, ça demande une concentration constante. C’est un pays étranger avec des mœurs parfois déconcertantes. Et il faut s’adapter, toujours s’adapter. Faire en fonction de... selon les aléas.

Le  train-train a ceci de rassurant qu’il est stable. C’est un peu instinctif de s’en faire un. Et malgré notre nomadisme, un rythme plus ou moins constant s’est installé. À chaque réveil, l’aube éclaire l’habitacle, réchauffe les vitres, fait disparaitre la buée des vitres. L’odeur de rosée parcourt les draps et ils ouvrent les yeux. Leur routine devient efficace : il faut plier les rideaux (anciens draps mal teints en noir qui sont plus gris bleu clair) qui protègent des enseignes lumineuses agressives, puis les portes s’ouvrent, alors on s’étire brièvement, on plie le matelas, on redresse les sièges arrière. On y met les bagages déposés à l’avant pour la nuit. On sort le premier caleçon, on enfile un short et un t-shirt pas trop sale. Ensuite deux choix, soit il faut partir rapido-illico-presto, soit on prend le temps d’ouvrir le coffre, mettre en place le réchaud et préparer la tambouille matinale composée de pamplemousse, café italien, thé vert, gruau et/ou brioche nutella et miel. Une fois sustentés, ils laveront, rangeront, se brosseront les dents, rafraichiront la face et démarreront...

Il a fallut du temps pour trouver ce rythme, savoir comment bien prendre les objets, bien plier, bien enclencher les mécanismes. Mais l’être humain est fait pour s’adapter. Les voilà rôdés.

Donc nous avons quitté la Californie du Nord pour goûter à ce Pacifique, y mettre plus que les pieds et se laisser emporter par les vagues de tout son être, même si un des deux a tenté l’expérience à San Francisco, pas un frileux mais bon.

L’étape sud californienne démarre par Monterey, où ça sent bon la sardine. John Steinbeck y est né (Salinas jouxte le ville), y a vécu, y a écrit. Et on réussit à percevoir comment son imagination et sa plume ont eu ce grain de folie si juste sur la nature humaine. Une pose dans un Buba Gump, premier de la chaîne, né dans la tête d’un certain Forest. Déjà l’eau parait plus chaude, et les marins, pêcheurs, femmes fortes et migrants ont leur éclat dans cette ville de conserverie sur pilotis.

Le Mexique se rapproche, de fait la Californie est un ancien territoire mexicain. Ces guerres qui ont refait les canevas frontaliers à tors et à travers... Et c’est aux populations locales de s’en accommoder, d’appréhender le mélange culturel. Alors c’est aux États-Unis qu’on découvre un pan de l’histoire mexicaine. Et si l’on tend l’oreille, l’anglais (même s’il n’y a pas de langue « officielle » aux États-Unis) se raréfie. On interagit en espagnol dans la rue. Mais ce n’est pas non plus du castillan puriste. Le métissage a fait naître une langue nouvelle : le Spanglish où l’on va commencer sa phrase en anglais, la terminer en espagnol. Et lorsque ça se comprend, ça se partage et après les premières incompréhensions on prend le pli.

La route continue par Big Sur, un mélange de forêts de séquoias gigantesques, de falaises abruptes, et de vagues gourmandes. Le tout sur une route panoramique qui, lorsqu’on descend vers le sud, se teinte des plus beaux reflets oranges et rouges du soleil qui part se lever en Asie. L’eau a pris des degrés mais...certains sont picky alors la découverte d’une plage californienne typique avec sa cabane de maitre nageur, sa fête foraine et sa jetée en bois sur pilotis sera plus l’occasion d’un diner que d’un bain. Une délicieuse sauce à la palourde dans un gros pain rond (clam chowder), accompagnée d’onion rings et d’un bon rouge de Napa font de Pismo Beach un excellent point d’accueil avec les plages de la Californie du Sud.

Les palmiers commencent à pointer leur bout du nez derrière les belvédères, Santa Barbara nous ouvre les bras. C’est week-end du Labor Day alors les tables de pique-nique sont remplies. Le moment pour les familles, les voisins, les amis, les amoureux de profiter d’un énorme BBQ les pieds dans le sable. Et vu la quantité astronomique de boissons, viandes, cupcakes, chips, salades...le lunch du dimanche va se poursuivre jusqu’au coucher du soleil. Il y en aura pour chacun.

Le Pacifique glisse sur la peau et l’eau est si bonne qu’elle rafraichit à merveille sous ce soleil de plomb. Après la bronzette, il va falloir partir à l’assaut de Malibu et Santa Monica. Ce sera un arrêt minute, le temps de comprendre que je ne suis pas la bienvenue dans ces rues privatisées où chaque villa a son accès à sa plage. N’est pas star qui veut, et on me préfère les Corvette alors on repart de ce quartier moyennement accueillant.

À peine repartis nous sommes déjà à l’arrêt, contenus dans un trafic intensément dense. La cité des anges a un réseau autoroutier bien infernal. Puisque le covoiturage ou le transport en commun n’ont rien de glamour, on leur préfère un méga pick-up rien que pour soi et on a des lecteurs DVD pour patienter dans le méga-supra-ultra embouteillage de plusieurs dizaine de miles de long.

Los Angeles, on arrive, on aura un peu de retard ne t’inquiète pas. Tant pis pour Venice Beach.

CALIFORNIE 2: Spanglish, plages et LA (Jour 39 à 42 ; Kilomètre : 9424 )
CALIFORNIE 2: Spanglish, plages et LA (Jour 39 à 42 ; Kilomètre : 9424 )
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L’hébergeur local propose un premier arrêt dans un Apple Store, douce idée pour mes joyeux lurons qui veulent du typique, de l’authentique. Par politesse, ils acceptent et montent dans une nouvelle voiture dernier cri pour parcourir 500 petits mètres. Sacré réflexe de carburer pour un rien. Quoiqu’il en soit rien ne les arrête, et dès l’après-midi, de leur seul chef ils partent arpenter la mégalopole. La particularité urbaniste de L.A. est qu’elle est étendue, très étendue, un contre-pied total aux villes de Chicago ou NYC qui jouent à Babel. Pour mieux la comprendre, il faut savoir qu’elle est constituée de l’union de plusieurs villes, avec chacune sa municipalité... et toutes ensembles elles forment El Pueblo de Los Angeles. Une méga-agglomération fédéralisée en county qui s’étend donc sur une quarantaine de miles, nord/sud et ouest/est...

Il fait chaud et sec cet après-midi, tellement sec que l’ombre est salvatrice et l’eau des fontaines un régal. Pour une mégalotropole, L.A. parait bien vide en ce lundi. Hormis quelques touristes, pas un chat dans les rues, et bien plus révélateur : aucune voiture sur les artères ! La cité ne parait pas si loca, le moindre musée est fermé. L’opéra conçu par Disney où Minnie peut chanter du Bizet a ses portes closes. Le building Bradburry, où tant de films ont été tournés, aussi. Il y a une petite place avec jeux d’eau où quelques gens du coin sont rassemblés : les enfants y jouent à qui se mouillera le plus pendant que les parents dégustent des sandwiches faits maison. Mais même les fast-foods sont fermés !!! Que pasa ? Un seul subway ouvert fera office de repas. Continuons sous la torpeur californienne à la découverte de L.A.

Après quelques secondes de réflexion, on réalise que le lundi du Labor Day est aussi sacré que le 1er mai français. Alors c’est dans un L.A. en pause qu’il va falloir percer le secrets des origines.

Au début, les mexicains ont créé El Pueblo qui, malgré son cloisonnement entre les artères routières, a conservé l’ambiance des concerts mariachi de rue, où chacun peut venir danser sous le kiosque, seul, en famille, en couple, l’important est de bouger les hanches et se laisser traverser par le rythme.

Lorsque les protestants anglais sont arrivés, leur refus de se mélanger aux autochtones donne lieu à la création d’une autre cité plus au nord. C’était l’époque où l’intérêt du métissage n’avait que peu de répondant, on était tellement bien entre nous chez nous... Heureusement les États-Unis ont par la suite compris rapidement que le flux constant d’une immigration désireuse d’une vie meilleure ne pouvait être que bénéfique. À défaut de rester sur les acquis d’une Histoire occidentale inexistante aux relents de conservatisme, ils ont pris le défi de parier sur l’avenir avec le nouveau venu, cet immigrant, ce réfugié, cet exilé. Et c’est devenu un des pays les plus dynamiques au monde, avec un esprit novateur qui semble regarder l’Europe comme une vieille dame malade et infirme.

Mais partons découvrir Union Station, gare mythique où de nombreux films ont eu lieu. Si on remonte vers le nord on passe par le Central Market et sa vie trépidante de mets locaux à déguster ça et là : tacos, burritos, enchiladas, nems, burgers, fruits de mer. Ça sent bon, les papilles trépignent mais il y a eu ce maudit Subway... Le soleil a quitté son zénith depuis un bout de temps, les habitants ressortent et c’est un marché plein de vie qu’on quitte pour se retrouver au Japon : Little Tokyo, aux objets nippons incongrus, aux costumes d’écolières, aux odeurs de sushis, et aux toitures en bambou rouge. Aux abords du quartier, une statue et un musée rendent hommage et officialisent les apologies à la population japonaise vivant aux U.S.A. qui a été persécutée, envoyée en camps suite à Pearl Harbour. Il faut constamment prouver son amour de la patrie, être prêt à se sacrifier pour les États-Unis et les soldats américano-nippons ont joué un grand rôle dans la victoire face au Japon. Suite à cela, le gouvernement s’est excusé pour son comportement, et a accordé la citoyenneté officielle. Triste guerre. Mais Los Angeles réserve encore d’autres découvertes.

Le lendemain est toujours aussi chaud et sec alors on part à la fraîche sur les hauteurs de Mulholland Drive dans le comté de North Hollywood. Les piscines à débordement sont tellement loin derrière les barricades des domaines ultra protégés (où même le service de sécurité a sa demeure) de la haute richesse de L.A. que l’on ne peut sentir que l’air toujours plus sec des collines. La colline d’Hollywood se mérite. En redescendant, Hollywood Boulevard rengorge d’attractions désuètes, où le touriste se fait alpaguer toutes les 10 secondes en moyenne pour avoir le droit d’être transporté pour prendre en photo le portail de la maison de telle ou telle star. Loin du strass des oscars, le boulevard est le lieu de refuge de sans-abris, d’anges déchus par la drogue qui aimeraient finir leur  journée avec une ou deux cigarettes voir quelques billets de Franklin donnés par les troupeaux de touristes qui ont les étoiles dans la cornée. À noter que l’église de scientologie a pignon sur rue dans un magnifique bâtiment de beau standing, l’occasion de faire plein de test scientifiques sur son quotient émotif pour connaître sa place au paradis.

Un tournage a lieu à deux blocs de là. Et forcément on marche sur le Walk of Fame, où on rêve de toutes ces actrices, tous ces acteurs, ces producteurs qui nous ont fait voyager et donner des remous dans le ventre. Haut lieu de production cinématographique où la visite d’un studio n’est pas bon marché, nous quittons Hollywood et son Chinese Theatre, à défaut de voir l’envers du décor nous resterons avec les images qui défilent sur l’écran blanc de notre mémoire.

Pourtant, la route vers le sud nous permet de le voir l’envers du décor. Celui d’une ville qui se définit par ses paillettes, ses projecteurs et ses étoiles. Les trottoirs sont recouverts de tentes de fortunes où les délaissés, les égarés se regroupent et créent un bidonville en bas des collines huppées.

Nous laissons dans le rétroviseur une ville aux inégalités sociales atterrantes, où la réalité prend des airs de rêve lorsqu’on veut voir les étoiles, ces stars gravées dans le trottoir, mais pour peu qu’on se trompe de trottoir nous n’y verrons que ces Lucifers, anges déchus de L.A., une réalité un peu plus cauchemardesque. Cependant, il va falloir un dernier purgatoire, celui des embouteillages, pour retrouver les astres de la nuit. Ceux qu’on pourra bientôt percevoir une fois la pollution dispersée.

CALIFORNIE 2: Spanglish, plages et LA (Jour 39 à 42 ; Kilomètre : 9424 )
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