SEATTLE : A genuine rebellion with unicorns (Jour 28 et 29 ; Kilomètre : 7004)

À peine sortis du bateau, qu’un douanier nous impose un arrêt. On n’aurait pas le droit de ramener des fruits, légumes et autres denrées comestibles...au risque d’abimer les produits agricoles états-uniens (il faut préserver leurs souches d’OGM...) Un comble sachant que les aliments présents dans mon habitacle, achetés au Canada, proviennent en fait des U.S.A... Bref, un contrôle à coup de lampe torche dans une de mes portières, just to check, et on reprend le trajet. On aura rarement vu un checking aussi zélé et paresseux à la fois.

Le Pacifique se faufile tellement dans les terres de l’État de Washington qu’on naviguerait encore à pleins flots. Les bateaux ne sont pas loin. Et voilà qu’au loin surgit une montagne, isolée, blanche, le Mont Rainier, sa poudreuse a l’air intacte et il surveille tranquillement la ville, on est tout proche.

Des containers plus immenses qu’un concessionnaire Ford s’empilent comme des legos, il y a des rails, des voies navigables pour les paquebots, et au milieu, moi sur une 2x4 voies, un peu perdue avec ce satané GPS qui ne sait plus si je suis dans l’eau ou dans les bois. Je t’ai en maudit toi, la madame du GPS !!!

Mais la Space Needle surgit, plus petite que ses voisines de gratte-ciel. Sous un ciel orangé et humide, Seattle nous apparait enfin.

Cette ville est un archipel relié par des ponts, fief de grandes compagnies comme Boeing, Starbucks, on va vite être envoûté par son authenticité je pense. Ça devrait arriver dans quelques minutes... et voilà ! Ils me parkent en côte, mettent mes roues de côté, actionnent le frein à main, et enclenchent une vitesse. À croire que je suis tellement lourde que je pourrais débouler dans l’océan... j’te jure.

Accompagnés de très bons guides humains, voici ce qu’ils y ont vu :

« Tout commence dans un 4x4 à vitesse manuelle, qui roule à vive allure dans les méandres du port de Seattle. Et on grimpe et on redescend aussitôt. Nous sommes sur le quai, sa roue, ses passants qui admirent la vue des îles... De nombreux bateaux de croisière ont levé l’ancre pour le nord et l’Alaska. Les quais sont en reconstruction, alors on évite les échafaudages, on contourne les trous qui nous feraient rejoindre la mer plutôt que prévu et on essaye les jeux dessinés à même la craie. Au milieu de bizarreries de momies et autres jeux divinatoires, on se fait peur comme des enfants.

On reprend des escaliers, on déjeune en famille et nous voilà au milieu d’un des marché les plus vivants et dynamiques qu’on avait pas vus depuis bien longtemps. Et encore ici, ça joue, il y a du spectacle à quel poissonnier lancera son plus gros saumon ou quel maraîcher hèlera le passant avec son meilleur prix pour ses huîtres les plus fraiches du Pacifique, c’est pour dire...

Un passage dans une ruelle déconcertante parce qu’elle est toute aussi dégueulasse et écœurante qu’elle en est belle. Elle est recouverte de couche de couleurs très harmonieuses, mais ce n’est point de la peinture qui la couvre...ce sont des milliers de chewing-gum accolés les un aux autres, avec qui y mettra les initiales de son prénom, ou qui y fera son plus beau camaïeu des goûts fraise, menthe ou pastèque. La rue des bubble-gums nous ramène décidemment en enfance.

Il faut bien sûr déguster les cocktails et bières du coin, et c’est dans des bars aux allures fantaisistes qu’on fera la connaissance du Unicorn Jizz (sans avoir essayé de goûter). Une balade digestive sur la plage du West Seattle, avec une vue imprenable sur la ville, les îles, et on s’amusera à faire partir les mouches de sable volante. Un instant de tango nous évapore encore un peu plus... »

Il y a dans cette ville un souffle de tolérance, de fantaisie, de jeunesse et on y fait comme un retour à notre enfance. C’est surement dû à l’ambiance familière.

Seattle, toi la ville adolescente, enfantine, rebelle et entreprenante qui ose tout. Toi qui prône la différence comme une palette de qualités. Toi qui nous invite à être fantasque, original, juste pour essayer ce que c’est la fantaisie, juste pour « s’amuser à ». Toi qui a vu naître le grunge, Macklemore et ces autres originaux venus de la pluie. Toi l’authentique, on te quitte en espérant voir des licornes ou grimper en haut du Dicks quand on te reverra.

Un big hug à Cécile et Casey pour leurs pas qu’on a suivis, et les indications des prochaines empreintes à découvrir.